Etape concevoir verger-maraicher viable
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Les étapes pour concevoir un verger-maraîcher viable

L’association d’un verger et du maraîchage permet de produire à la fois des fruits et des légumes sur une même parcelle. Avec des impacts positifs sur les domaines variés comme l’environnement, l’agronomie, la commercialisation et le travail.

Si ce n’est pas déjà fait, je vous conseille de d’abord lire l’article sur la définition d’un verger-maraicher, ses avantages et inconvénients :

Qu’est-ce qu’un verger-maraîcher et pourquoi en concevoir un ?

Les articles suivant pourront également vous intéresser : Définition de l’agroforesterie et Définition de la permaculture.

Alors si vous souhaitez concevoir un verger-maraîcher, par où commencer ?

Il y a en effet peu d’information sur le sujet. Bien que de plus en plus de verger-maraîcher se mettent en place, nous n’avons pas forcément le recul pour voir ce qu’il fonctionne ou non. La conception semble complexe. Et déjà que du maraîchage seul demande énormément de travail, un verger ne devrait pas aider ! Comme vous j’étais perdu au début. Partagé entre un trop plein d’information et trop peu de choses concrètes.

Je vais donc vous présenter une méthode simple pour arriver à un design de verger-maraicher viable qui vous convient.

Mais revenons d’abord rapidement sur l’intérêt de passer du temps sur la conception.

Pourquoi passer du temps sur la conception d’un verger-maraîcher ?

Et oui la mise en place d’un verger prend du temps, a un coût non négligeable et prend des années à être productif.

Bien que le revenu générer par ce verger compense ses premières années, il faudra d’une part que votre atelier de maraîchage soit fonctionnel et d’autre part que votre conception permette de bons rendements de vos arbres avec la vente de vos produits pour un temps de récolte et d’entretien raisonnable.

Mais pour que cela soit viable il faut impérativement passer par une bonne conception et organisation. Et prendre du temps dans cette étape de conception permet de réduire considérablement les erreurs qui seront difficilement réparables par la suite.

La conception permet aussi de remettre à plat le fonctionnement de votre ferme (dimensions des planches, agencement, disposition avec les bâtiments et allés, plantation de haies…). Si vous pouvez revoir votre ferme dans sa globalité, de manière systémique, que vous implantiez au final un verger-maraîcher ou non, ça sera forcément bénéfique !

Dans le cas d’une création de ferme sur un terrain nu, tout reste à construire donc c’est l’occasion de partir directement dans la bonne direction.

Nous parlerons ici que de la conception d’un verger-maraicher et non d’une ferme dans son ensemble (ce qui ferait un article beaucoup trop long et indigeste !).

Le fait de prendre le temps sur ses objectifs et sur la conception permet d’aboutir à un projet qui vous convienne et qui satisfera vos attentes. Il n’y a pas deux fermes identiques.

Les étapes de conception d’un verger-maraîcher

La conception comprend plusieurs étapes. Elles sont mises dans un certain ordre ici mais n’hésitez pas à revenir en arrière de temps en temps pour remettre au clair certains points et approfondir certaines dimensions.

Etape 1 : Fixer des objectifs globaux

Dans cette première étape de conception d’un verger-maraîcher, il s’agit de se fixer un ou plusieurs objectifs globaux. Ce pourquoi vous lisez cet article !

Pour vous aidez, vous pouvez essayer de répondre à ces questions :

  • Pourquoi vous souhaitez concevoir un verger-maraîcher (production, biodiversité…) ? Même si c’est un peu tout essayez de les classer dans l’ordre d’importance.
  • Pourquoi ne pas faire que du maraîchage ou qu’un verger ?

Ici on s’intéresse vraiment au POURQUOI

Etape 2 : Faire le point sur sa situation

Cette deuxième étape dans la conception d’un verger-maraîcher a pour but de se rendre compte de sa situation de départ, sur tous les aspects. Voici une liste des points à clarifier :

  • Activité actuelle : partez-vous d’une parcelle nue ou avez-vous déjà une activité en maraîchage ou en arboriculture ?
  • Compétences actuelles : quelles sont-elles en maraîchage et en arboriculture? Et quelles sont celles à acquérir?
  • Paramètres pédoclimatiques :
    • Nature du sol, profondeur, texture, structure, activité (mégafaune)
    • Climat : jours d’ensoleillement, pluviométrie, répartition de l’eau dans l’année
  • Espace disponible : bâtiments, serres, chemin d’accès, haies, sources d’eau, système d’irrigation
  • Temps disponible et main d’œuvre disponible
  • Débouchés actuels : est-ce compatibilité avec une autre activité? Ou quels sont les sources de distribution pouvant être mis en place facilement?
  • Financièrement : investissement à l’implantation, trésorerie pour la conduite les premières années, matériel disponible et celui envisagé, chiffre d’affaire actuel, charges actuelles, capacité de financement et autre.

Etape 3 : Fixer des objectifs clairs et chiffrés

A partir des données précédentes, il est nécessaire d’établir des objectifs. Mais pas juste des objectifs vagues comme produire des fruits ou vivre mieux ou autre. Si vous voulez créer un nouvel atelier ou vous lancer à partir de zéro, des objectifs clairs et chiffrés sont indispensables.

Pour cela la méthode SMART est très intéressante, l’acronyme signifie :

  • Spécifique : c’est-à-dire clairement défini, précis.

Par exemple : Je souhaite un chiffre d’affaire de 50% en fruit et 50% en légumes. Ou je souhaite augmenter mon CA de 20% avec le nouvel atelier de fruitiers en conservant mon CA en maraîchage actuel. Ou je souhaite reformer 1000 mètres linéaire de haies bocagères entre mes parcelles en maraîchage.

  • Mesurable : implique que ces objectifs soient quantifiables, que l’on peut chiffrer.

Par exemple : les objectifs peuvent se basent sur votre chiffre d’affaire, vos charges, votre surface, votre nombre de clients, votre temps de travail/temps libre ou autre mais pas directement sur votre bonheur par exemple (même si l’objectif final va y contribuer !)

  • Atteignable : ne pas voir les choses trop grandes. Surtout si vous démarrez et que vous n’avez que peu d’expérience dans le milieu.

Pour cela il est intéressant de se poser les questions sur ses compétences, connaissances, capacités financières, temps de disponible. Mais ça nous le reverrons par la suite. Et vous pouvez également vous renseigner sur la « concurrence » ou inspirations pour voir ce qu’il est possible de faire et à quelle échelle avec quels moyens.

Dans tous les cas, tout le monde le conseille, commencez petit !

  • Réalisable : c’est-à-dire évaluer la pertinence de vos objectifs. Est-ce qu’ils sont réalisables et pertinents en fonction de votre situation actuelle.
  • Temporellement défini : se fixer une date limite est indispensable et vous rendra tellement plus productif.

Exemples d’objectifs SMART :

Dans X années, je souhaite produire X kg de fruits par an en conservant mon activité de maraîchage telle quelle.

Je souhaite à partir de l’année prochaine implanter progressivement chaque année X arbres et augmenter le nombre de planches en maraîchage de X jusqu’à atteindre le rythme de croisière estimée de X arbres et X planches.

Ça vaut vraiment le coup de passer du temps sur ses objectifs. En effet plus l’objectif est clair, plus les actions à réaliser derrière seront claires.

Avec le ou les objectif(s) fixé(s), vous devez être capable de connaitre votre situation de croisière moyen/long terme. C’est-à-dire le ratio entre la partie verger et maraîchage que vous recherchez. Cela sera déterminant pour la partie suivante où l’on va s‘intéresser au design proprement dit.

Pour vous aider à chiffrer vos objectifs, je vais vous donner quelques références. Il faudra par contre les revoir en fonction de votre situation spécifique, de vos choix de conduite et de votre marché.

En maraîchage, de multiple méthodes de production et des contextes bien diverses font que les résultats diffèrent énormément sur le chiffre d’affaire et les investissements (hors foncier) en fonction de la surface cultivée. Voici quelques exemples :

En arboriculture, les vergers aussi comportent des formes bien différentes.

  • Pour un hectare de verger de pommiers basse-tiges conduit traditionnellement :
    • Travaux avant plantation (analyse de sol, préparation mécanique du sol, amendements) : 1000 €/ha
    • Plantation (Plant, tuteur, protection, main d’œuvre) : 13000 €/ha
    • Entretien (Main d’œuvre essentiellement) : 5 000€/ha/an
    • Total de 14000€ la première année et de 5000€/an ensuite.
    • D’autres sources, avec un peu plus de mécanisation, indiquent plutôt 5600€/ha à l’implantation et dans les 1000€ d’entretien par an.
  • Pour un hectare de verger de pommiers haute-tiges (densité de 60 arbres/ha) :
    • Travaux avant plantation : environ 1000 €
    • Plantation : de 4200 à 7200 €/ha
    • Entretien : de 300 à 450 €/ha/an
  • Pour un hectare de noisetiers on se trouvera plutôt dans les 10000€/ha avec un entretien de 1000€/an ensuite.

Le tout hors investissement en gros matériel de type tracteur, local de rangement etc. De plus les travaux avant plantation diffèrent complètement suivant votre situation de départ (terrain, matériel disponible, matières organiques disponibles etc).

Voici une estimation des rendements possible suivant un verger basse-tige et haute-tige. (le verger basse-tige a été replanté 3ans après le déracinement du précédent pour l’exemple)

rendement verger basse tige et haute tige pommiers
Pommier basse-tige en orange et pommier haute-tige en bleu

Les chiffres dépendent également du choix de distribution : circuits courts ou long, vente directe ou non, vente en frais ou en transformé. Par exemple 1kg de pomme est vendu environ 0.50€ pour la transformation alors qu’il est plutôt dans les 2.50€ sinon.

Ce sont des questions qu’il faudra vous poser lors de l’étude de votre projet. Produire sans savoir où et comment vendre peut ruiner votre projet.

Etape 4 : Design du verger-maraîcher

Conception design verger-maraicher

En fonction de vos objectifs et de votre situation vous pourrez déterminer les points suivants.

1. La fonction première de vos arbres

Avec les étapes précédentes vous êtes maintenant capable de déterminer la fonction première de vos arbres : fruitiers, bois, fixateur d’azote, brise vent, mellifère …

Dans la plupart des cas il y a plusieurs utilités qui ressortent de vos objectifs. Il faut donc estimer les ratio entre chacun d’eux ou le nombre d’arbres pour chaque fonction.

2. Le type de maraîchage choisi

Comme nous l’avons vu précédemment, plusieurs grandes directions existent. Elles sont toutes des avantages et inconvénients. Il ne tiens qu’à vous pour savoir laquelle vous convient le mieux.

Il faudra notamment faire des choix sur : très diversifié, peu diversifié avec beaucoup de légumes de conservation, avec des rotations rapides sur petite surface, avec des rotations plus longues pour la culture d’engrais verts, le niveau de mécanisation, la longueur de la saison, la vente en frais ou transformé, des circuits courts ou longs…

3. Quelques bases pour faire les bons choix d’arbres

1er point : Attention au système racinaire des arbres !

Globalement le système racinaire d’un arbre peut être pivotant (s’enfonçant principalement en profondeur de manière verticale) ou traçant (occupant de l’espace de manière horizontale).

Dans le cas d’un verger-maraîcher, l’objectif étant d’occuper les inter-rangs d’arbres de cultures maraîchères, il faut privilégier un système racinaire qui ne concurrence pas celles-ci.

Par exemple il n’est pas conseillé d’introduire des cerisiers proches de vos cultures à cause de leur système racinaire. De même que le saule ou le peuplier qui occupent une partie trop importante pour des planches maraîchères.

Le système racinaire des arbres implantés doit, de manière générale, être contrôlé, au moins au début. En effet le moindre effort fait que tout système racinaire ira là où l’eau et les nutriments sont les plus faciles à obtenir. Et si c’est au niveau de vos planches maraîchère que vous irriguez et où vous faites des apports alors c’est là que vos arbres les concurrenceront.

C’est pourquoi deux techniques sont aujourd’hui employées. L’une est mécanisée et l’autre est végétale. Dans les deux cas les interventions sont à répéter au moins les 3 premières années pour de bons résultats.

  • La solution mécanisée est la plus rependue aujourd’hui puisqu’elle offre des réponses concrètes et quasi-certaines. Il s’agit d’un passage d’un outil à dent, généralement une sous-soleuse (puisque les dents vont dans le sol profondément) ou une dent de cultivateur (appelé aussi canadien, avec une profondeur un peu moindre). Cela permet de couper les racines allant horizontalement pour forcer le système racinaire des arbres à chercher en profondeur.
  • La deuxième solution utilise de la végétation. L’idée étant de concurrencer les racines des jeunes arbres par des annuels très vigoureuses plantées à 1 mètre du tronc. De la même manière la concurrence forcera le jeune arbre à chercher ses nutriments en profondeur. Les annuels choisies sont généralement des céréales. Mais tout engrais vert automne-hiver fera l’affaire puisqu’ils arriveront quasiment à épiaison quand l’arbre va débourrer.
2ème point : Attention au mode de reproduction des arbres !

Il existe une multitude de modes de reproductions suivant les espèces voire les variétés d’arbres. Toujours dans l’optique de ne pas gêner les cultures maraîchères mais également de limiter l’entretien, il est préférable d’éviter les espèces envahissantes qui se reproduisent trop facilement. Par exemple les espèces qui drageonnent deviendront un problème permanent par la suite.

C’est le cas du robinier faux-acacia ou des bambous par exemple.

3ème point : Petite initiation à la taille des arbres

Différentes tailles sont possibles pour une même espèce d’arbres. Les contraintes, dans un verger-maraîcher, sont différentes de celles dans un verger classique. C’est pourquoi il ne faudra pas nécessairement répliquer ce qu’il se fait dans les livres d’arboriculture à ce niveau-là.

Par exemple, pour le pommier beaucoup de formes sont possibles. Que ça soit en port érigé, port retombant, basse tige, haute tige, palissé, palmette, pyramide, gobelet, U simple, U double, cordon, cordon double, la taille de Bouché-Thomas…  Toutes ces formes ont des avantages et inconvénients.

Il faudra prendre en compte vos choix de conduite du verger (entretien, récolte, fonction) pour déterminer vos choix de taille. La place étant souvent un facteur limitant dans des microfermes, les tailles à port retombant sont à éviter tandis que celles à port érigé (droit) ou n’allant que dans le sens de la rangée sont à privilégier.

Sachant que la manière de tailler et le choix du porte-greffe de vos arbres influencera directement sa durée de vie. A titre indicatif un pommier basse-tige palissé durera environ 16ans alors qu’un pommier haute-tige à port droit pourra vivre plus de 100ans. 

Dans cette catégorie votre choix de taille devra se porter en ayant en tête la longévité de l’arbre, sa hauteur, son encombrement (sur le rang et en inter-rang), le temps d’entretien et matériel nécessaire ainsi que les méthodes de récoltes associées.

4ème point : Quelques infos sur la conduite de la partie verger

Les moyens à disposition et ceux pouvant être mis en place détermineront vos choix d’espèces et de conduite de vos arbres.

Souhaitez-vous être mécanisé ? Récolter à l’échelle ou à hauteur d’homme ? S’ajoute à cela les points vus lors de la rédaction de vos objectifs : fonction de votre verger, dimension de l’activité, importance du rendement obtenu…

4. Identifier les espèces à privilégier dans votre verger-maraîcher

  • Parmi les fruitiers : fruits à pépins (pommier, poirier…), fruits à noyaux (abricotier, prunier…), fruits à coques (noyer, amandier…) …
    • Une fois cela choisi, il vous reste à choisir le porte-greffe et le greffon. Le porte-greffe défini la hauteur de l’arbre (par sa vigueur), le système racinaire, la résistance à certains pathogènes. Ils seront également choisis en fonction de la nature de votre sol. Le greffon défini la variété de fruit qu’il sera produit. L’un et l’autre peuvent être plus ou moins résistants à certaines maladies et seront donc à adapter en fonction de votre contexte.
Site des mordus de la pomme : https://www.mordusdelapomme.fr/
  • Pour faire du bois : bois d’œuvre, bois de chauffage, trognes (avec par exemple du charme, érable champêtre, chêne et bien d’autres) …
Trognes de saule (ou arbre têtard)
  • Comme fixateur d’azote : l’arbre à petits pois, l’aulne blanc, le févier d’Amérique, l’arbre des pagodes, l’argousier, l’olivier de Bohème, le Goumi du Japon, le Chalef d’automne
  • Pour produire du fourrage avec du frêne ou le mûrier par exemple

Vous pouvez bien entendu faire le choix d’alterner certaines espèces entre elles. Par exemple dans le verger de Stefan Sobkowiak (Ferme des Miracles) il y a une alternance d’un trio : pomme, poire et fixateur d’azote avec des variétés différentes (ou pomme, prune, fixateur d’azote).

Le fait d’alterner les espèces et variétés permet de lutter plus facilement contre les ravageurs ou maladies. Contrairement à un verger classique monovariétale qui sera très fragile et dépendra donc entièrement des différents apports et traitements.

Le verger-maraîcher de la Ferme de la Mare des Rufaux en Normandie (environ 300 arbres) est essentiellement constitué de pommiers demi-tige (à 80% environ) mais de plus de 20 variétés différentes ce qui lui permet de n’appliquer aucun traitement depuis la création en 2011.

Verger maraicher microferme rufaux
Verger-maraîcher de la ferme de la Mare des Rufaux

Si vous faîtes le choix de beaucoup d’espèces et de variétés différentes, pensez bien ce que cela impliquera lors de la récolte ou même de l’entretien. Il est préférable de penser directement à un design ergonomique plutôt que de perdre du temps pendant dans années lors les différents travaux.

5. Quels espacements entre vos arbres

Il n’y a pas de règle qui convient partout et pour tout concernant les distances entre vos arbres. Pour établir les espacements nécessaires entre il faudra prendre en compte l’espèce, sa fonction, sa conduite, votre contexte, la surface disponible, la surface en maraîchage, l’emplacement de votre infrastructure et chemins d’accès et vos objectifs.

A titre d’exemple :

  • Des trognes de charmes basses tiges pourront être plantés tous les mètres,
  • Des lignes d’arbres tous les 6m avec des inter-rangs de 26m (schéma utilisé en grande culture ou pour les légumiers mécanisés) ce qui donne 53 arbres/ha.
  • Des pommiers demi-tige au Nord de la Loire pourront être espacés de 10m sur le rang et de 12m en inter-rang.

Cela laissera la place à 8 planches en maraîchage de 75cm pour 45cm de passe-pied ou si vous êtes mécanisé 6 planches de 120cm pour 30cm de passe-pied avec 2 mètres de largeur pour les lignes d’arbres. Dans le cas d’une mécanisation il ne faudra pas oublier de laisser de la place en bout de champ pour manœuvrer.

Par exemple, la ferme de la Mare des Rufaux en Normandie a implanté ses fruitiers tous les 8 mètres dans les deux sens. Ce qui leur permet de mettre, en inter-rang, 4 planches de cultures d’1m20 et sur le rang soit des petits fruits (essentiellement des framboisiers) soit de la rhubarbe ou autre plantes pérennes.

Un autre exemple est celui de la ferme de la Durette à Avignon qui a fait le choix d’avoir des doubles rangés d’arbres. Avec entre cette double rangée une partie enherbée.

Exemple d'une conception de verger-maraîcher avec double rang d'arbres fruitiers (Ferme de la Durette)
Exemple d’une conception de verger-maraîcher avec double rang d’arbres (Ferme de la Durette)

Quelques chiffres donnés lors de la conception d’un verger professionnel :

6. Comment gérer les rangés d’arbres

Suivant les espacements entre chaque arbre, les essences choisies et la taille choisie vous aurez plus ou moins de place. Mais dans tous les cas une gestion est obligatoire pour la bonne santé de vos arbres, ne pas vous faire dépasser par l’enherbement et pour ne pas perdre trop de temps sur cette tâche plutôt que d’autres plus urgentes, plus agréables et plus rémunératrices.

Si vous faîte le choix de grands arbres (par exemple des pommiers demi-tige ou haute tige) vous pourrez planter d’autres espèces entre. En effet ils peuvent être espacés de 8 ou 10 mètres (suivant les espèces, votre région et le port choisi). Entre les arbres pourront être implanté des espèces buissonnantes, des aromatiques, des légumes vivaces (ou perpétuels) …

Dans tous les cas, plantations d’autres espèces ou non sur ces rangs, il faudra réfléchir à une méthode de gestion de l’enherbement la plus pratique possible. Qu’elle soit mécanisée ou qu’elle utilise une bâche, du BRF ou de la paille (ou tout autre mulch disponible), tout cela devra être chiffré non seulement financièrement mais également en temps (temps de mise en place et d’entretien).

En effet l’enherbement arrivera au même moment que le pic des cultures maraîchères. Il faudra donc avoir un plan réfléchi avant de se faire dépasser et de s’épuiser à vouloir tout faire ou de rater des cultures maraîchères qui seront, dans un premier temps, indispensables à la viabilité de votre ferme.

7. Les plus à réfléchir dans un verger-maraîcher

Quitte à augmenter la diversité dans votre production et la biodiversité au sein de votre ferme autant y aller jusqu’au bout.

C’est le moment de penser à tous les espaces que vous pouvez ajouter à votre système pour qu’il soit plus accueillant.

Par exemple des refuges pour les insectes, des nichoirs pour oiseaux, des haies buissonnantes qui favorise les auxiliaires, des bandes enherbées etc.

Etape 5 : Viabilité de votre projet de verger-maraicher

Si à la fin de cette étape vous voyez que l’investissement est trop élevé ou la viabilité pas assurée, vous pouvez toujours réeffectuer les points précédents pour ajuster.

Les coûts suivants sont donnés à titre indicatif et devront être vérifiés avec des sources locales pour établir un plan fiable.

Les charges doivent être séparées entre la partie verger et la partie maraîchage.

1. Chiffrer son verger

Conception Verger-maraîcher arboriculture arbres maraichage

Concernant le verger les charges principales sont :

  • Le coût d’implantation d’un verger (plant + tuteur + protection cervidés)
  • Matériel nécessaire (sécateur, scie, éventuellement tracteur, équipements du tracteur, échelles, caisses de ramassage, espace de stockage, matériel d’irrigation…)
  • L’entretien (entre les arbres, taille, traitements éventuels, surveillance, carburant, eau d’irrigation…)
  • Main d’œuvre (récolte et autres travaux)

Voici quelques exemples pour commencer à chiffrer grossièrement votre projet. Pour un plan précis, je vous conseille de prendre les références locales qui seront plus pertinentes surtout concernant les rendements et prix de vente.

Coûts d’implantation d’un verger (plant + tuteur + protection cervidés) de :

  • 100 pommiers basse-tige (tronc d’environ 1m) : 1600-2100€ TTC
  • 100 pommiers haute-tige (tronc d’environ 2m) : 1600-2100€ TTC
  • 100 aulnes/platanes : environ 800€ TTC

Les heures de travail dans un verger :

  • Pour 1ha de verger de pommiers basse-tige : 887h/an (dont 548h de récolte sur deux mois)
  • Pour 1ha de verger de pommiers haute-tige à cidre en pleine production : 360h/an (dont 225h de récoltes manuelles) – soit entre 2.8 et 4h/arbre

Les rendements d’un verger en pleine production :

  • Pommiers haute-tige : 100-350 kg/arbre
  • Poiriers haute-tige : 250-350 kg/arbre
  • Cerisiers haute-tige : 100-200 kg/arbre
  • Pruniers haute-tige : 100-150 kg/arbre
  • Pruniers basse-tige : 25-50 kg/arbre
  • Verger d’1ha de pommiers basse-tige : 15-30 t/ha
  • Kiwi en palissage : 10-25 t/ha

Les aides et subventions pour les projets agroforestiers :

Certaines sources indiquent un financement allant jusqu’à 80% d’un projet agroforestier. Concernant les essences forestières, pour être considéré en agroforesterie auprès de la PAC, il faut rester en-dessous de 100 arbres par hectare. En revanche pour les essences fruitières il ne semble pas y avoir de limite. Mais cela peut être variable suivant les régions (à voir avec votre DRAAF locale).

2. Chiffrer son atelier de maraîchage

Conception verger-maraicher atelier maraichage

Comme vu précédemment de nombreux modèles sont possibles avec des investissements, rendements complètement différents suivant la surface cultivée.

En plus de votre manière de produire, votre manière de vendre aura une grande influence également. Il faudra avoir en tête vos réseaux de distribution et la forme sous laquelle vous allez vendre vos produits. Fruits et légumes ne sont pas obligatoirement vendus de la même manière. Cela peut être au détail, demi-gros ou en gros ; en direct ou non ; en frais, transformé ou congelé.

Lorsque vous aurez choisi votre manière de fonctionner et de vendre, rechercher des références d’autres fermes qui s’en approche. Auprès de la Chambre d’Agriculture, d’organismes comptables (du type Cerfrance), ou d’autres organismes comme Maraîchage sur sol Vivant (MSV).

Synthèse de votre projet

Félicitation si vous êtes arrivé jusqu’à ici !

A ce moment-là il est intéressant de synthétiser tout votre projet pour voir directement la relation entre vos objectifs globaux, ceux fixés et la réalité de votre projet (mise en place, entretien, rendement et viabilité globale).

Et si vous pouvez le synthétiser sur une seul page ça serait encore mieux pour voir directement la cohérence de votre projet et pour voir visuellement votre objectif, ça vous motivera pour l’atteindre !

Une fois votre projet validé vous pourrez passer à la mise en place de celui-ci, vous organiser pour son entretien, les récoltes et la vente. L’article serait trop long si j’abordai tous ces sujets !

N’hésitez pas à mettre un commentaire si vous avez des blocages lors de votre conception de votre verger-maraîcher.

Si vous êtes au tout début de l’émergence de votre projet, que les vergers-maraîchers vous intéressent mais vous ne savez pas vraiment par où commencer, cet article vous donnera les clés pour mettre au clair le projet qui vous convient le mieux :

Si vous êtes en recherche de terrain pour accomplir votre projet, cette série d’article vous aidera :

Pour aller plus loin

Références et informations sur les vergers-maraîchers et l’agroforesterie :

Références et livres sur le maraîchage sur petite surface :

Références et livres sur les vergers et l’arboriculture :

Vous pouvez accéder directement à la page Amazon avec les liens sur les images et avoir des avis sur ces livres. Privilégiez autant que possible les librairies éthiques et locales ou les associations (telles que l’ITAB ou La forêt Nourricière pour leurs créations).

Vous pouvez également utiliser la librairie indépendante Unithèque qui propose un large choix :

la librairie spécialisée

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