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Livres

Le livre que tout maraîcher doit avoir absolument

Le Jardinier-Maraîcher de Jean-Martin Fortier

Le Jardinier-maraîcher de JM Fortier est un manuel pratique pour ceux qui se lancent dans le maraîchage sur petite surface. Il est basé sur son expérience personnelle, la visite d’exploitations agricoles à l’étranger, les échange entre producteurs et la lecture de différents ouvrages et publications. Son système est maintenant largement reconnu et utilisé dans de nombreuses nouvelles fermes aux Canada, États-Unis et en France.

Le résumé suivant a pour objectif de vous donner un aperçu détaillé du livre avant de l’acheter ou d’un rappel des points importants pour ceux qui le possèdent déjà. Vous trouverez à la fin de celui-ci mon avis.

Avec les différents résumés de ce blog, je veux aider ceux qui, comme moi, veulent s’autoformer (voir l’article sur l’autoformation en agriculture) avant de créer et d’améliorer continuellement leur micro-ferme. La liste complète des livres qui m’ont marqués se trouvent dans l’article « la liste ultime de livres pour réussir son projet agricole« . J’espère que ces résumés vous donneront envie de lire ces livres et de sélectionner ceux qui vous serviront le plus. Et une fois les avoir lu vous pourrez utiliser ces résumés comme aide-mémoires! Bonnes lectures!

Small is beautiful

Partis d’un de 1000m², Jean-Martin Fortier et sa conjointe nourrissent hebdomadairement aujourd’hui 200 familles. Leur système est basé sur une faible mécanisation pour limiter au maximum l’endettement.

La première année, la ferme a généré 20 000$ de CA sur une surface d’un quart d’hectare et est passé l’année suivante à 55 000$ sur cette même surface puis avec quelques investissements et en cultivant sur une surface de trois quart d’hectare la ferme a vendu pour 100 000$ (avec une marge bénéficiaire supérieure à 40%). La preuve que ce modèle sur moins d’un hectare est rentable a commencé a se divulguée. Bien que le métier de maraîcher est difficile, ce modèle permet après une phase d’installation, de concilier travail et famille dans l’optique de « bien vivre ».

Réussir un jardin maraîcher

Plusieurs clés pour réussir sont données ici puis seront détaillées au fil du livre :

  • Commencer petit,
  • Utiliser la méthode bio-intensive basée sur :
    • L’utilisation de planches de cultures permanentes (plates-bandes surélevées)
    • Un apport important de matière organique (MO)
    • Un travail du sol superficiel
    • Des cultures placées avec un espacement le plus serré possible (au niveau aérien et racinaire) : permet de créer une canopée sur le sol permettant de conserver l’humidité et d’avoir un rôle de paillis limitant la montée des adventices
    • Une succession de cultures optimales (calendrier de production).
  • Faibles investissements initiaux (estimés à 39 000$ dans son contexte) incluant des serres, motoculteur, chambre froide, système d’irrigation et différents outils manuels.
  • Réduire le montant de l’investissement en utilisant les aides et subventions gouvernementales.
  • Réduire ses coûts de production (tendre vers un ratio de 50% de coût de production maximal)
  • La vente directe
  • La culture de légumes à valeur ajoutée (privilégier les cultures à forte rentabilité par exemple les tomates par rapport aux melon).
  • Notions de marketing pour la vente directe : légumes de qualité, frais, rincés ; dialogue avec les clients ; logo…
  • Apprendre le métier avant de se lancer : avoir un maximum d’expérience dans d’autres exploitations et au minimum une saison complète.

Trouver un bon site

C’est une des étapes les plus importantes les différents points devant être étudiés sont :

  • La fertilité et la qualité des sols,
  • Le climat,
  • L’orientation et la topographie,
  • Le drainage et l’accès à l’eau,
  • La clientèle potentielle : en effet l’objectif n’est pas seulement de produire des légumes mais aussi de les vendre. Une étude approfondie de la clientèle devra être effectuée.
  • La distance des lieux de vente,
  • L’infrastructure (réserve d’eau, bâtisse, entrée électrique…),
  • La présence ou absence de polluant,
  • La superficie (le jardin de la Grelinette cultive sur 0.8ha de manière intensive).

Bien que le coup de cœur lors de la recherche de foncier soit souvent privilégié par les porteurs de projet, l’auteur met bien en garde sur le fait de considérer la clientèle comme un facteur majeur du choix du foncier. En effet la qualité de la production et le bien-être doivent être associés à un potentiel de vente réel.

Établir ses jardins

Le processus de design du jardin est le suivant :

  • Avoir une vue d’ensemble du projet,
  • Prendre en compte la fréquence d’utilisation des infrastructures et la circulation du site,
  • Positionner l’infrastructure,
  • Organiser l’intérieur des bâtiments (stockage, station de lavage, préparation des commandes…)
  • Positionner les espaces cultures en standardisant les dimensions des planches. Au jardin de la Grelinette, elles font 120cm de large comprenant une plate-bande de 75cm et un passe pied de 45cm pour une longueur de 30m. L’ensemble de l’espace de cultures est divisé en 10 jardins de 16 planches (1 jardin = 20m*34m).
  • Protéger le site des potentiels ravageurs extérieurs (animaux, vent…),
  • Installer le système d’irrigation. Ici, un système d’aspersion est utilisé pour les jardins et est couplé à du goutte-à-goutte pour les serres.

Le travail minime du sol et la machinerie alternative

La réduction du travail du sol est recherchée bien que la culture intensive de légumes exige une préparation du sol idéal. Tiré des travaux d’Elliot Coleman (retrouvez le résumé de son livre The New Organic Grower ici), l’idée reprise est de favoriser au maximum la vie du sol. La préparation d’une planche est de 15min (hors temps avec la bâche) et est composé des étapes suivantes :

  • Broyage d’engrais verts et de résidus de cultures avec une tondeuse à fléau,
  • Pose d’une bâche noire (d’ensilage) pendant 2-3 semaines,
  • Passage de la grelinette (aération du sol),
  • Epandage d’amendements et incorporation de ces derniers avec une herse rotative (avec rouleau de finition) sur une profondeur de 5cm,
  • Passage d’un râteau pour finaliser la planche.

Les impacts sur le sol avec cette technique montrent un meilleur égouttement du sol, un réchauffement hâtif au printemps, une bonne aération du sol, de bonnes récoltes et globalement une bonne qualité du sol.

L’utilisation du motoculteur commercial est au cœur de la préparation des planches et est indispensable pour réaliser toutes les différentes actions sur le sol avec précision et rapidité.

La fertilisation organique

Il faut se concentrer sur le processus naturel de fertilisation en ajoutant du compost, fumier, engrais verts dans le but qu’ils soient digérés par les micro-organismes du sol ce qui libérera les différents nutriments indispensables aux plantes. Les éléments pour une bonne stratégie de fertilisation sont décrits comme suit :

  • Une analyse de sol,
  • Un plan de chaulage,
  • Un plan de rotation,
  • Un dosage des amendements en tenant compte de la fertilisé du sol et des besoins nutritifs de chaque légume,
  • Un suivi.

Exemple de dosage :

  • Pour un légume exigent (solanacées) : 1.5 tonne/ha (= 6litres/planche) de fumier de volaille granulé + 80t/ha (=5 brouettes/planches) de compost marin,
  • Pour un légume peu exigent (verdures) : 2 tonnes/ha (= 8litres/planche) de fumier de volaille granulé.

Un plan de rotation est indispensable pour la culture intensive après une ou deux années d’essais et d’expérimentations. Cela permet de rompre le cycle vital d’organismes nuisibles, d’alterner les systèmes racinaires, d’alterner les besoins nutritionnels des plantes, d’alterner les méthodes de cultures (certaines sont paillées, d’autres binées…) pour une meilleure lutte contre les adventices et enfin limite le besoin en compost (à un apport tous les deux ans).

La conception se fait à partir de différents paramètres :

  • Un intervalle de quatre années entre les crucifères, liliacées, solanacées et dans l’idéal également pour les cucurbitacées,
  • Une alternance entre les cultures exigeantes et celles moins exigeantes,
  • Une alternance entre les légumes-racines et les légumes feuilles,
  • Faire suivre une culture facile à désherber avant une plus difficile (comme les oignons).

Dans un système abouti, l’utilisation d’engrais verts et de culture de couverture est idéal. Elles servent uniquement de protection et d’amendement du sol.

Les semis intérieurs

La majorité des cultures démarrent en intérieur sous serre. La transplantation permet une précocité dans la saison, un meilleur contrôle des conditions de germination et de croissance, une meilleure densité une fois repiquée en devançant les adventices et une augmentation des successions possibles en plein champs.

Les points abordés sont les suivants :

  • Culture de semis en multi-cellules de dimensions standardisées (28cm*54cm) avec des plateaux de 72 à 128 cellules et des pots individuels de 10cm,
  • Un terreau de bonne qualité,
  • Une bonne technicité lors du semis,
  • Des conditions de germination optimales (contrôle de la températures jour et nuit et hygrométrie),
  • L’utilisation éventuelle d’un chauffage et de ventilation,
  • Un arrosage uniforme, en deux fois, selon l’état des plantes et suivant la météo extérieure,
  • Un repiquage est nécessaire pour les plantes comme les tomates, poivrons, concombres et aubergines,
  • Une phase de transition avant la transplantation au jardin en plaçant les plaques de semis en extérieur près de la pépinière pendant une semaine.

Les semis en plein sol

Le semi en plein sol nécessite :

  • Une préparation du sol propre (exempte de pierre, motte de terre ou résidus de culture) et asséché pour pouvoir utiliser des semoirs de précision,
  • Des graines bonne qualité pour assurer un taux de germination élevé,
  • Un système d’irrigation fiable.

Le désherbage

Pour lutter contre les adventices, la stratégie aux jardins de la Grelinette est de prévenir leur prolifération. Plusieurs leviers sont utilisés :

  • Espacement serré des cultures,
  • Utilisation d’un compost sans graine,
  • Privilégier la transplantation,
  • Sarcler le plus souvent possible avec les conditions météorologiques optimales et avec des outils efficaces :
    • Une binette (de préférence celle avec une lame oscillante à deux bouts tranchants),
    • Une houe colinéaire,
  • Occulter avec une bâche noire,
  • Effectuer des faux-semis (avec une préparation de la planche 15jours avant la date du vrai semis et un passage à la herse rotative ou au pyrodésherbeur),
  • La solarisation du sol
  • Le paillage plastique (le paillage avec des couvert végétaux n’est pas utilisé dans son système au vu de résultats peu concluants),
  • Ne pas laisser les adventices montées en graine,
  • Ne pas inverser les couches du sol (et remonter les graines initialement en profondeur),
  • Ne pas importer de graines avec les apports de matières organiques.

Les insectes nuisibles et les maladies

Il est privilégié ici de limiter la population des ravageurs par une lutte écologique (au-delà de l’utilisation de produits biologiques autorisés) en augmentant la biodiversité. Il est recommandé l’aménagement de brise-vent, d’étang, d’arbustes, d’espaces floraux, de murs de pierre, de bosquets, de petits abris, nichoirs, de ruches. Il faut de manière générale privilégier la prévention et seulement en dernier recours l’utilisation de « biopesticides ».

Le prolongement de la saison

Le prolongement de la saison au Quebec est un facteur important de réussite. JM Fortier n’utilise que des méthodes passives à l’aide de couvertures flottantes, mini-tunnels (tunnels nantais), de tunnels chenilles (bien moins cher qu’une serre et déplaçable chaque saison) et de tunnels permanents.

La récolte et l’entreposage

La récolte nécessite une certaine technicité. En effet il faut tenir compte de la maturité de légumes et de la météo (privilégier le matin tôt). Un endroit frais (15°C) est pratique pour une livraison le lendemain de la récolte. La récolte se divise en plusieurs temps : la cueillette, l’entreposage temporaire, le lavage et la conservation au frigo. Chaque légume ou famille de légume a ses propres particularités. L’efficacité dans la récolte tient d’une bonne technicité et d’une remise en question de ses gestes afin de les optimiser.

La planification de la production

La planification et l’organisation sont les points clés du succès d’une ferme. Il est généralement établi l’hiver. Le processus de planification a pour but de fixer les objectifs de production :

  • Établir un objectif financier (en partant par exemple du nombre de paniers à effectuer),
  • Choisir les variétés et quantité pour atteindre cet objectif (en réalisant la composition des paniers hebdomadaire par exemple),
  • Regrouper les semis par catégorie (vérifier l’adéquation avec le plan des jardins),
  • Suivre cette planification par la prise de notes (dans le but de l’améliorer l’année suivante).

Conclusion

Bien qu’il soit de plus en plus facile de s’installer avec de tels projets, le gouvernement du Québec continu de soutenir des fermes agro-industrielles. La monoculture, l’utilisation de produits toxiques et d’OGM restent d’actualité. Le changement de paradigme s’opère de manière sociale sans attendre une action du gouvernement. La méthode présentée dans ce livre fait parti d’un mouvement présent aussi bien au Canada, qu’aux États-Unis ou en France ou ailleurs qui prône une nouvelle agriculture saine et citoyenne.

Le livre « Le jardinier-maraîcher » comporte un certain nombre d’annexes intéressantes comprenant notamment 25 fiches détaillées sur 25 légumes, le matériel de la ferme, de nombreuses illustrations, le plan des jardins, le plan des rotations et une bibliographie commentée très complète.

Mon avis

Très détaillé et facile à lire, Le Jardinier-Maraîcher de Jean-Martin Fortier est un manuel qui permet d’aborder tous les aspects pratiques lors d’une installation en maraîchage sur petite surface. La réussite du jardin de la Grelinette n’est plus à démontrer de même que le bon fonctionnement de sa méthode décrite ici. Celle-ci a en effet été transposée dans différents contextes et a conservé sa productivité. Je recommande grandement ce livre, même dans des contextes bien différents, puisqu’il permet de mettre en évidence une manière de penser favorisant grandement la réussite de son projet agricole.

Vous pouvez acheter ce livre sur Amazon ici :

Le jardinier-maraîcher - 2ème édition: Manuel d'agriculture biologique sur petite surface (Guides pratiques) par [Jean-Martin Fortier]

Le film

Ce livre à succès peut être complété par un DVD reprenant tous les points abordés dans le livre mais les mettant en pratique. Cela permet une visualisation des différentes actions de manière très pédagogique. Chaque tâche est détaillée et beaucoup d’astuces sont données pour réussir les différentes étapes et optimiser son système. Les chapitres sont les suivants :

  • Serre et pépinière
  • Les planches permanentes
  • Itinéraires de travail du sol
  • Fertilisation et rotation des cultures
  • La transplantation
  • Les semis directs
  • L’irrigation
  • Le désherbage
  • Les insectes
  • La récolte
  • Conclusion

Ce film ne remplace pas le livre mais est un complément indispensable si vous avez été convaincu par le manuel. Différentes vidéos existent sur YouTube présentant ce film et témoignant de la très bonne qualité d’image et de montage de celui-ci.

Vous pouvez acheter sur Amazon ce livre ici : Le jardinier-maraîcher – Jean-Martin Fortier

Et le dvd ici : Le kit du jardinier-maraîcher – Jean-Martin Fortier & Olivier Asselin

Bien que vous pouvez acheter ces livres avec les liens précédents, essayez de privilégier autant que possible les librairies locales et éthiques !

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